La quête de la perfection - Amélya

Amélya E. North

Physique

Assise à son bureau, dans sa chambre d'étudiante, une jeune fille écrit. Seule la lune, qui transparait difficilement à travers les rideaux, et une petite lampe de chevet scintillante l'éclairent.

Même avec cette faible lumière, on devine chez cette jeune fille, ou plutôt jeune femme, une silhouette frêle, fine et plutôt longiligne, quoiqu'avec un corps qui semble assez petit, ne dépassant pas le mètre soixante. Pour autant, dans la façon dont sa main manie l'encre et se déplace sur le papier, dans la courbure de sa silhouette courbée et légèrement tendue, on devine une musculature importante. Dissimulée, certes, mais qui ne colle pas du tout avec l'image "fragile", que cette étudiante renvoie.

Lorsqu'on se penche de plus près sur son visage absorbé par de multiples réflexions, on peut remarquer que celui-ci est arrondi. Il a conservé des courbes enfantines, avec des petites joues rosées, et une peau de porcelaine. Son regard, lui, à la fois profond et très expressif, et actuellement très concentré, est composé de deux grandes prunelles rouge baie. Ses beaux yeux sont encadrés par de longs cils et des sourcils finement entretenus.

Il y a un détail surprenant, que nous n'avions pas relevé jusqu'à maintenant ; ce sont ses cheveux. A l'origine, ils étaient châtains, parait-il. Mais depuis maintenant huit ans, ils sont d'un blanc immaculé. La faute à un choc émotionnel bien trop violent que la jeune femme préfèrerait oublier. Ils possèdent tout de même une pointe de fantaisie qu'elle a spécialement rajouté : des pointes teintées en rose.

C'est parce que le rose est sa couleur préférée. C'est ce qu'on peut en déduire de la porte entrouverte de son armoire à vêtements, qui ne laisse voir que des tenues roses ou rouges. Avec, parfois, des touches de blanc.

La jeune fille semble avoir terminé ce qu'elle étudiait, puisqu'elle se lève soudainement de sa chaise pour aller se vêtir d'une tenue bien plus confortable destinée au sommeil. C'est là que, cruelles et incisives, se dévoilent des vilaines cicatrices, plus ou moins épaisses, qui lui recouvrent le dos. Heureusement qu'elles sont dans son dos, d'ailleurs. Comme ça, elle ne les voit jamais, cela lui évite de se remémorer ce souvenir si douloureux dans sa mémoire, des cicatrices qui ont inscrits les violences familiales subies à tout jamais dans sa chair.

Et voilà, notre jeune étudiante éteint la lumière de la lampe de chevet, et tire le rideau pour que la chambre soit dans le noir complet. Elle griffonne quelques instants dans un petit carnet et se glisse ensuite dans ses draps, pour sombrer dans les méandres de la nuit.

Mais au fait, comment se prénomme-t-elle ?

Il suffit de lire les lettres dorées inscrites sur la couverture de ce qui semble être son journal.

"Amélya"

Caractère

La première chose à savoir sur Amélya, qui n'est pas visible à l'oeil nu mais qui a pourtant une énorme importance, c'est qu'elle est muette. Oui, elle a su parler. Mais non, elle ne parle plus. Plus un son n'a franchi ses lèvres depuis huit années déjà.

Pour palier à ce handicap, la jeune femme a trouvé une alternative simple : un carnet. Simple, avec comme unique décoration de couverture son propre nom, elle y écrit tout ce qu'elle souhaite communiquer, là où les autres utilisent des mots.

Ce qu'on peut remarquer ensuite, notamment au niveau de ses études, c'est sa grande intelligence. Amélya n'a pas de facilités, mais elle est persévérante et n'hésite pas à travailler dur au besoin pour obtenir les résultats qu'elle veut. Résultats qui doivent être à la hauteur d'une exigence maladive qui la ronge plus qu'autre chose, mais dont elle ne sait pas se défaire. C'est plus fort qu'elle. Elle a de la chance, elle apprend vite. En revanche, lorsqu'elle bloque sur un problème quelconque, elle perd vite patience, et va avoir besoin de décrocher un petit moment avant de pouvoir revenir dessus et, enfin, trouver la solution.

Avec les autres, Amélya apparaît comme très altruiste, elle n'hésite pas à aider son prochain. Mais cela ne va jamais plus loin. Dès qu'on tente de se rapprocher d'elle, c'est un mur qui se dresse. Introvertie, elle ne parle jamais d'elle, ni de son passé. Elle passe la majeure partie de son temps seule, étant une adepte du dicton "Mieux vaut être seul que mal accompagné". Elle est mal à l'aise avec les gens dès que le sujet dérive sur autre chose que les études. Et en dehors des arts martiaux qu'elle pratique de son côté, elle craint énormément le contact physique, elle le supporte très mal.

Au delà de cette carapace, Amélya est une adorable jeune femme, gentille et attachante, sur qui on peut compter. Elle a une très bonne maîtrise de ses émotions, mais lorsqu'elle en perd le contrôle, on la découvre complètement métamorphosée. Froide. Amère. Avec des propos aiguisés. Et surtout très triste. Un peu comme quand, parfois, la nostalgie envahit ses prunelles carmin, entremêlée à une douleur muette. Celle des démons familiaux auxquels, malgré elle, elle est enchaînée.

Histoire

Amélya, de son nom complet Amélya Evelynn North, est née par une belle journée printanière, au moment de l'éclosion des fleurs de cerisier, dans le nord du Japon. Ainsi sa mère, Yuko Kazuha, a voulu la prénommer Sakura. Mais ce prénom n'était pas du tout au goût de Willem North, le père du nourrisson. La petite fut donc, en conséquent, baptisée Amélya.

La jeune femme n'a pas de souvenirs de sa mère. Ses parents se sont séparés peu de temps après sa naissance, et elle est restée à la charge de son père. Officiellement, leur amour n'était plus, et il y avait trop de divergences à propos de l'éducation de la petite fille. Officieusement, sa mère ne supportait plus les violences de son mari et a fui en laissant sa fille derrière elle.

Car oui, Willem North est un homme violent. Très aisé, et très violent. Manipulateur, exigeant, froid et brutal, il n'exige qu'une chose de sa fille : la perfection. Le reste ne doit pas exister. Tout ce qui compte, c'est de faire d'elle l'enfant prodige parfait.

De ce fait, Amélya a été initiée aux arts martiaux, à la natation et à l'athlétisme dès son plus jeune âge. L'objectif : la renforcer physiquement au maximum, tout en lui imposant une scolarité à domicile d'un niveau élevé. La petite fille n'a pas le droit à l'échec. Car lorsqu'elle est réticente à s'entraîner ou ne rapporte pas les résultats attendus, elle est sévèrement punie. Des repas en moins. Des entraînements plus durs.

Et souvent, des coups.

D'abord des claques, qui teignent ses joues d'un rouge vif. Puis des coups de poing, qui la font tomber au sol, formant contusions et ecchymoses sur son corps de petite fille. Et parfois, c'est plus que seulement les poings. Et c'est le pire. Bien pire.

C'est pour ça qu'Amélya doit être la meilleure en tout point pour que son père soit fier d'elle. S'il est en colère, c'est à cause de ses résultats pas assez hauts, donc c'est de sa faute à elle, non ?

Cette obsession maladive pour l'être humain "parfait", son père l'a depuis bien avant sa naissance. Il connaît, elle n'a jamais su comment, l'existence des créatures, ces êtres dotés de facultés impressionnantes. Et il les jalouse. Affreusement. Alors sa fille devra être l'humain capable de tenir tête à une créature, à défaut que lui puisse avoir des facultés surréalistes.

C'est lors de la treizième année de son existence que tout bascule. Amélya, bien qu'ayant donné tout ce qu'elle avait, échoue à un examen imposé par son père. Un examen que même un adulte très doué aurait peiné à réussir. Mais cela n'importe pas, ici.
Willem North est tellement furieux qu'il va, une fois de plus, la frapper. Encore. Encore. Jusqu'à que la peau de l'adolescente se fende. Jusqu'à ce que des sillons écarlates lui recouvrent entièrement le dos. Jusqu'à ce que le tapis immaculé du salon s'imbibe complètement d'un rouge sanglant. Jusqu'à ce que ses yeux se ferment face à tant de violence, et que son cerveau disjoncte pour sombrer dans l'inconscience. Heureusement pour elle, une fois son père parti, la gouvernante de la maison est venue à son secours, frémissant face à ce carnage monstrueux, mais accomplissant tout de même son devoir. Cette vieille femme, qu'Amélya connaissait depuis sa naissance, n'avait jamais divulgué les méthodes violentes de Willem North. Parce qu'elle savait que si elle le faisait, vu l'influence et le réseau de l'homme, elle perdrait tout. Mais ce jour là, elle a pris une décision radicale : elle allait aider Amélya à échapper, ne serait-ce qu'un peu, à ce quotidien infernal.

Amélya, elle, a mit plus d'une journée à se réveiller suite à cet évènement. Durant son sommeil, ses cheveux châtains avaient complètement blanchi, de la racine jusqu'aux pointes. La douleur la tenaillait de partout. Elle tremblait. Et surtout, elle ne parlait plus. Ce n'était pas passager, non. Même une fois que les blessures externes eurent guéri, elle resta muette. Le choc post-traumatique était trop grand.

Considérée dès lors comme défectueuse par son père, il a préféré s'occuper des deux demis-frères de la jeune fille qu'il a eu avec sa nouvelle femme, une nouvelle vie mariée parmi plusieurs autres qu'il avait eues dans sa quête folle de l'enfant parfait. Mais ce n'est pas parce qu'il a délaissé Amélya qu'il ne se montra pas encore plus distant et cruel à chaque fois qu'il la voyait. La jeune fille muette, qui n'avait toujours voulu que l'amour et la fierté de son père, était complètement brisée.

A la fin de son adolescence, Amélya est envoyée dans une école prestigieuse, et cela grâce à la gouvernante de la maison. Celle-ci a tenu la promesse qu'elle s'était faite pour soulager sa conscience et libérer Amélya des griffes de son père.

La jeune femme peut désormais découvrir une liberté qui lui est inconnue, et essayer de se forger une vie malgré toutes les blessures encore ouvertes de son passé. Une liberté néanmoins relative.

Car sans en avoir conscience, elle est toujours piégée sous le joug de son père et emprisonnée par ses exigences démesurées.

Derrière l'écran

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