Tu es um artiste. Le nouveau Banksy de ton temps. Probablement un peu moins subtil que Banksy, mais tout aussi pertinent, vraiment. Il peint un dessin d’enfant avec un panneau qui dit « stop the war » ou quelque chose comme ça et tout le monde vendrait son âme pour pouvoir posséder le pan de mur touché par la sainte grâce artistique. Des morceaux de murs se vendent à prix d’or parce que les gens n’ont vraiment rien compris à rien. Heureusement, tu es différent.e. Peut-être que tes messages sont moins détournés et que tu es plutôt clair.e dans tes revendications, mais tu estimes avoir assez de talent pour compenser ta bourrinerie politique. Au moins l’art rattrape ce que le message a comme défauts. Non, vraiment, tu es um artiste. Depuis que tu es arrivé, plusieurs murs ont été bariolés et tu es relativement fier de ton taff, mais celui là t’es venu comme ça, gratuitement, la nuit dernière. Et tu t’es dit que c’était le moment de réaliser ce tag.
La règle pour qu’une pièce soit percutante n’est pas écrite dans le marbre, même si le mieux est généralement de trouver un endroit fréquenté, devant lequel beaucoup de gens passent, le public est brassé et tout le monde a l’occasion d’observer l’œuvre. Tu aimes bien, quand tes projets sont finis, t’installer dans la foule et écouter les commentaires pas toujours hyper positifs sur ces dons culturels que tu fais à la ville. Ici, le tableau est simple – même si la conception est risquée : un des bâtiments principaux de l’université, lieu le plus passant que tu aies pu trouver. Tu as préféré faire ça de nuit, pour moins attirer l’attention sur toi et ton action complètement illégale. Ton objectif de vie n’est pas exactement de te faire renvoyer moins d’un mois avant de t’être inscrit, mais tu n’as pas envie de rester sage pour autant. Sage sucks, et sage n’apporte rien à personne. Defacing public buildings sure is fun, but it is also political. L’objectif c’est de faire passer un message qui ne serait pas forcément entendu par tous otherwise. Les gens de ton âge ont besoin de s’interroger sur leurs valeurs politiques et leurs conceptions du monde, iels sont l’avenir du monde. Et si tu peux leur faire se poser les bonnes questions… c’est un vrai plus. Tu as donc décidé de prendre tes plus belles bombes de peinture – des couleurs pastel, un rose tendre, un vert menthe et un jaune orangé assez doux – pour réaliser un lettrage assez simple, « Fuck authority désobéissance civile » en lettres graphiques. Le design est doux pour les yeux, et le message alerte : Fuck authority, rien de plus clair et percutant, ironique aussi dans le cadre universitaire où il existe une hiérarchie très marquée entre professeurs, étudiants, gardiens, membres de l’administration… et un message politique, l’autorité dépasse le cadre de l’école, ça concerne tous les secteurs de la vie, le travail, la santé, même les loisirs. Pour ce qui est du pan désobéissance civile, tu espères que ceux qui connaissent ce concept seront encouragés à le pratiquer, et que ceux qui ne le connaissent pas soient amenés à le Googler. Ou à se demander ce que ça signifie, et pratiquer leur propre forme de désobéissance civile. Oui, tu encourages des gens à practice tax fraud. Be Gay Do Crime comme disent les jeunes.
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Ambiance tranquille ce soir, tu roules un join en écoutant les classiques français des gens qui fument des pet’. Ouais c’est cliché, mais tout le monde connaît Tairo, Dub Inc ou Danakil. C’est pas le style que t’écoutes en journée et sans beuh dans les poumons, mais ça convient vachement à l’atmosphère paisible induite par l’herbe. Elle est douce, plus proche du cbd que d’autres variétés costaudes. Avec tout ce qu’il s’est passé dernièrement, l’exercice physique ne suffit pas à t’apaiser réellement et les exercices de respiration non plus. Tu profites donc pour fumer un peu. Rien d’alarmant, c’est juste pour te détendre et tu sais quand t’arrêter. Tu fumes à la fenêtre de ta chambre pour ne pas mettre l’odeur prononcée partout dans l’appart et, quand tu te sens plus léger, tu éteins le pétard pas fini pour le laisser sur le rebord, à l’intérieur.
Fumer te donne souvent envie de sortir, tu étais donc préparé à avoir envie de bouger après coup. Tu passes dans la salle de bain pour vérifier que ton maquillage n’a pas bougé et rafraîchir ton rouge à lèvres bleu. Plus simple que de te démaquiller, moins chiant. Tu attrapes ensuite un bonnet dans les mêmes tons bleus que ton maquillage, puis tu sors pour vagabonder dans l’école. Tu bosses pas cette nuit, sinon tu ne te serais jamais permis de fumer. Histoire d’être tranquille, tu te rends invisible avant de croiser des gens. C’est nickeeeel. Personne pour te déranger, t’es dans ta petite bulle avec l’air qui te revigore malgré la nuit avancée. Tes écouteurs inséparables dans les oreilles, tu fredonnes « Tout ce qu’ils veulent » de Dub Inc.
Tu ralentis en entendant des bruits de bombe de peinture. Si c’est ça. Ça se trouve c’est un gus qui imite très bien l’objet. Cette idée te fait rire, tu imagines la tête que ferait cette personne pendant l’imitation et ça te perd deux bonnes minutes. Aaah, connerie quand tu nous tiens. Tu te rends à nouveau visible en approchant. D’abord avec subtilité, puis plus du tout quand tu vois le mur. Tu retires tes écouteurs avant de lancer :
« Yoooooo ! Ça gère de ouf ! Le message… Ouais. Ouais c’est… ça s’nuance. T’es qui ? »
On dira pas genre… Un petit chihuahua dans un manteau rose ? Pas parce qu’il a un manteau rose, mais parce qu’il est plus petit que toi et il est rose.
« Moi c’est Camille. C’est toi qui tague les murs partout dans l’école ? C’est sympa comme projet artistique. »
On commence par se présenter en principe, au lieu de balancer ça comme ça gratuitement. En tout cas ça se passe comme ça de là où tu viens et ta maman t’a appris les bonnes manières. Du genre dire bonjour. C’est pas particulièrement utile et tu skip souvent cette étape parce que non, mais en principe tu balances pas juste un « eh oh toi, présente toi » en rencontrant des gens. Après, pour sa défense, iel a commencé par un compliment. Grave nuancé par le « ça s’nuance » parce que [i)fuck you[/i] en fait. I mean, effectivement ça se réfléchi mais bon. Tu hausses les épaules, faussement nonchalant.e.
- Scout, painter extraordinair. Pronoms il/iel. Le message est blunt parce que j’ai pas la place de faire un résumé explicatif de mes idées politiques. C’est un tag, pas un cours de socio.
Tu es susceptible, et même si tu aimes bien entendre les gens râler devant tes tags, tu n’apprécies pas qu’on vienne te signaler leurs défauts. Ce tag est ton nouvel enfant et un enfant est toujours magnifique pour ses parents. Il cessera rapidement de l’être, sa longévité n’étant pas assurée par le caractère illégal de l’entreprise, mais pour l’instant, it is yours et tu le défendras bec et ongles.
Au moins iel reconnait ta patte, ton travail sur les murs de l’école. Et iel qualifie ça de projet, ce qui est plutôt très mieux que « ce vandalisme » ou « les trucs, là ». Quoique, vandalisme c’est plutôt sympa, même si ça implique beaucoup de vieilles qui te courent après avec un balais dans les mains pour avoir taggué leurs volets fraichement repeints (ça sent le vécu parce que c’est du vécu). Tu hoches la tête.
- Yep, who’s asking ? parce que pour des raisons purement légales, non, mais pour des raisons artistiques, that’s me. Pourquoi, ils sont pas assez subtils ?
C’est p’t’être pas la peine d’être sur la défensive comme ça, mais tu as du mal avec la critique, ça se repère facilement. En plus t’as l’odeur des solvants dans le nez, dans le crâne, et les mains caked with paint, ça tiraille ta peau et c’est pas super agréable.
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Wesh, il est tendax le machin. Ok ton « t’es qui » manquait de subtilité et t’as foiré toutes les étapes de sociabilisation « polie », mais tu lui as pas non plus annoncé que son tag est cheum et qu’il va se manger une sanction pour vandalisme. Puis ça va oh, tu te présentes après. Faut y aller tranquille hein, il se prend le chou tout seul contre personne. Tu ris quand il parle de cours de socio et ajoutes un très intelligent (ça se discute) :
« Ni des chiottes de fac. Ça claque vla plus sous cette forme. Pronoms il pour moi au fait. »
T’as failli zappé de dire les tiens et faut en plus que tu retiennes les siens. Malgré le flou induit par la beuh, t’as bon espoir. Pas comme pour son prénom. Il a dit quoi ? Shoot ? Wah la merde, c’est gênant. Un truc qui s’approche de Shoot avec un accent british… Scout ? Va pour Scout, au pire tu diras que t’as mal entendu et t’es à l’ouest. Grave à l’ouest. Tu plisses les yeux sans comprendre quand il demande « who’s asking ? ».
« Ben… J’t’ai dit que je m’appelais Camille… »
T’as loupé une info. T’es presque sûr qu’il attendait pas cte réponse.
« Ah ouais nan attends, déso, j’avais pas capté. J’suis gardien. »
T’es toujours pas sûr d’avoir bien compris.
« C’est cool de mettre un visage derrière c’qu’on voit. Je sais pas comment dire mais ta tête va bien avec tes œuvres. J’crois ça répond à ta question sur la subtilité au passage. »
En gros, ça l’est pas et t’as vu en 3 minutes qu’il l’était pas non plus.
« J’préfère quand c’est direct comme ça hein, le prends pas mal. En plus là c’est direct, coloré et joli. Ça égaie les bâtiments. Je te garantis pas que celui-là va rester en place mais bon, c’est esthétique au moins. »
Tu es pas convaincu. Ses compliments sont half-assed, il dit un truc positif pis deux secondes plus tard ça tacle sur la nuance. T’es pas sûr de quoi penser. Le type a l’air complètement éclatax, vu la lenteur de réaction. I wish I was as high as this dude. Mais les seuls drogues que tu prends sont légales, des antidépresseurs et des anxiolytiques, et malheureusement rien pour te déconnecter à ce point. Il a pas l’air super loin non plus, juste… bien. P’t’être que si tu mélangeais tout ça avec de l’alcool…non, la dernière fois, et la fois d’avant, ça s’est transformé en crise de panique et même si t’as du mal à retenir la leçon, t’as la flemme de passer la nuit à pleurer et à vomir. P’t’être qu’en communiquant avec lui, tu réussiras à lui piquer un peu de son chill. Parce qu’il est chill, vu la situation, le fait que tu lui as à moitié aboyé dessus et que son taff c’est globalement de te coller. Est-ce qu’on colle encore les élèves qui ont ton âge ? parce qu’à la fac on fait pas ça. Unclear. Tu vas pas lui poser la question et lui donner des idées.
Et tu ne vas pas non plus l’insulter parce qu’il vient de dire que ta tête était pas subtile. Maybe something was lost in translation mais là tu as l’impression assez nette de t’être fait insulter. Ou alors il constate que tes messages brillants collent avec ton air brillant ? personne t’a jamais dit que tu avais l’air brillant, pour des raisons évidentes d’honnêteté. Tu fronces les sourcils.
- Parce qu’on est tous les deux roses, ou parce qu’on est tous les deux anarchistes ?
Ou parce que vous êtes tous les deux pas hyper portés sur la nuance. Mais c’est pas écrit sur ta tête, seulement sur le reste de ton corps. Probablement le côté rose, du coup. Peut-être l’air de fauteur de trouble. Tu te frottes le nez contre ton coude, retournes la bombonne de peinture et appuies sur le bouton pour expulser la peinture du tuyau, puis refermes le bidule et le balances dans ton sac de bombes de peinture. Pas le move le plus brillant de la soirée non plus, parce que tu serais bien dans la merde s’il confisquait ton stuff. Ça impliquerait au choix un heist pour le faire disparaitre de l’endroit où il serait confisqué, ou une série assez conséquente de vols pour refaire ton stock de peinture. Pas si compliqué avec ton pouvoir, tu n’as qu’à les faire disparaitre puis réapparaitre plus loin, de préférence dans l’allée sombre de ton choix. Dans tous les cas ce serait une perte de temps et de moyens, parce que tu as encore l’intention d’apporter des modifications à la déco de l’école.
- S’il disparait, ça servira juste à montrer que le message était vrai.
Tu mets tes mains pleines de peinture dans les poches pleines de peinture de ton sweat, et jauges le nouvel arrivant. C’est un gardien, mais à part les remarques sur la nuance des messages, il n’a pas cherché à te contredire, ni à t’engueuler. Il a l’air posé et ouvert à la discussion. Tu as toujours envie d’aboyer, mais ça c’est probablement l’adrénaline. Il ne t’a pas encore collé, ne t’a pas non plus ordonné d’aller chercher un seau, une éponge, et de frotter. Donc, si on fait le total, qu’on met de côté l’insulte sur ta tête, ça passe.
- Et il réapparaitra ailleurs. A plusieurs endroits. Je suis endurant et patient.
C’est faux, tu n’es ni l’un ni l’autre. Mais tu fais les choses out of spite et, en l’occurrence le spite sera présent, très fort, si le message est effacé trop rapidement. Tu es cependant magnanime, et prêt.e à faire des concessions. Ainsi, tu lui demandes, malgré un certain ton accusateur :
- Qu’est-ce que je pourrais faire pour rendre le truc plus nuancé sans prendre plus de place ? ça en vaudrait la peine, au moins ?
Wow. Un effort. La foule est en délire, tout le monde est sous le choc.
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Eh il est super drôle en fait. Toujours agressif, mais rigolo. « Parce qu’on est tous les deux roses ou parce qu’on est tous les deux anarchistes ». T’aimes bien. T’aimes vraiment bien. Chouette répartie. Tu ris encore, un peu embêté de pas pouvoir afficher tes orientations politiques face aux élèves. T’es pas assez défoncé pour ça.
« Duuude, c’était bien trouvé ! En fait c’est moi qu’ai formulé ma phrase comme un pied. Je voulais dire que t’as l’attitude qui va avec ton message. Genre c’est direct quoi, et ça pète le feu. »
Des fois tu devrais te taire, Camille. Tes compliments sonnent comme des tractopelles dans la gueule et toi tu trouves qu’ils sont sympas, qu’ils devraient faire plaisir. Tu sais pas trop si tu dois lui confisquer son matos maintenant. En soit, ça servira absolument à rien s’il ne sait pas pourquoi tu le lui retires. Ça servira à rien parce que la peinture s’achète partout et ça ne fera qu’attiser sa créativité rebelle. Punir sans but, dans le genre « action, réaction », est une méthode que tu trouves inefficace sur le long terme. Tu notes simplement que son sac est bien fourni et qu’il manque pas de matériel.
Il te fait rire avec ses remarques. Il peut être endurant et patient tout ce qu’il veut, y’en a d’autres qui le sont tout autant et qui n’ont pas ta douceur pédagogique. S’il tombe sur ces personnes, il fera moins la forte tête.
« Ouais, c’est vrai. Si t’avais tagué un canard ou une connerie du genre ça aurait été mignon, personne aurait réagi. Là on va te dire qu’une école, sur le principe, c’est pas politique. Y’a des livres à la bibliothèque qui contredisent ce propos, si jamais ça t’intéresse. Tu trouves que l’éducation est trop descendante ici ou que les formes d’autorité sont pas compatibles à l’anarchie ? J’te pose la question sincèrement, ça m’intéresse d’avoir le point de vue d’un nouvelle élève sur ce qu’il perçoit de l’école. »
Ptite grimace quand il te demande ton avis pour nuancer son message ou qu’il prenne moins de place. Est-ce qu’on peut vraiment nuancer ce genre de message, déjà ? Puis c’est quoi ce ton accusateur ?
« Des flyers… ? Nan nan nan, mauvaise idée en fait, oublie. Ça pollue de ouf. Y’a un tableau d’annonces, tu peux y trouver une petite place pour coller tes messages si ça reste correct ? Si ça l’est pas il disparaîtra aussi, y’a des chances. »
Tu hausses les épaules avant de te rendre compte que tu aurais pu répondre autre chose.
« Hey, tu parlais d’anarchie. En éducation ça implique de donner les clés nécessaires aux étudiants pour qu’ils puissent être libres de réfléchir et d’agir, tout en étant vraiment acteurs de leur éducation. Si je te donne toutes les solutions, t’accèdes pas tellement à cette liberté nan ? On revient dans un schéma descendant. »
Tu taquines, mais faut pas confondre anarchie et chaos et tu sais pas trop si son utilisation du mot était parce qu’il adhère à cette vision ou parce qu’il veut juste vandaliser l’école.
Direct… Si ça « pète le feu » ça doit être un compliment, non ? T’as pas tous les idiomes, le slang c’est fun mais c’est aussi hyper imagé et pas toujours hyper intuitif. Tu vas prendre ça comme un compliment et te détendre un peu. Donc t’as l’air direct. On te l’avait jamais dit, mais c’est pas forcément faux. Tu fonces dans le tas, tu dois avoir la tête qui va avec. Suffit que tu lâches ta veste pour qu’on voie l’étendue de tes messages non nuancés tatoués à l’encre noire.
Tu arques un sourcil. Tu as tagué un canard. Ce qui était pas forcément le move le plus pertinent, vu comme ça t’a juste fait rencontrer le mec le plus éclaté au sol que tu aies jamais rencontré. Ça va jouer sur ton appréciation des canards, tout ça. T’es pas sûr de vouloir en revoir avant quelque temps au risque de choper une migraine.
- Je suis pas d’accord avec ça. C’est un endroit d’apprentissage et le savoir n’est jamais neutre. Il y a toujours un parti pris dans la façon qu’on présente les choses. Et si c’était vraiment pas politique, il y aurait pas d’élections étudiantes et de syndicats.
S’il est sincère, il peut être intéressant. Discuter de ce genre de choses est toujours utile, surtout avec un gardien. Il a l’air relativement chill avec ce que tu fais pour l’instant, donc il est digne d’intérêt, lucky him. Tu noues tes mains l’une avec l’autre, les tords un peu en réfléchissant puis finis par hausser les épaules nonchalamment.
- Yep. Genre. C’est une école. Mais c’est aussi une fac. A la fac on se fait pas baby-sitter. On se fait pas coller, on est trop vieux pour ça. Je suis content d’avoir l’opportunité d’étudier ici, c’est important. Mais j’aime pas les relations que les étudiants entretiennent avec le staff, on est un peu trop vieux pour se faire garder comme ça. Genre, t’as quel âge ? parce que je pense pas qu’il soit très éloigné du mien. Je suis pas sûr que ce soit pertinent qu’on se fasse baby-sitter par des gens qui ont que quelques mois de plus que nous. Et encore, c’est pas ça le problème, si je fais de la merde I guess it’s fair que je me fasse emmerder. Mais le fait d’être traité comme un enfant… J’suis pas un high schooler.
Tu donnes un coup de pied boudeur dans un capuchon de peinture qui traine à tes pieds et le propulses avec ses petits camarades les bouchons de peinture dans ton duffel. C’est compliqué à formuler, cette sensation que tu es traité comme un enfant, même quand tu as rien fait qui mérite un tel traitement. I mean, à part vandaliser les murs, I guess.
L’idée du flyer est pas conne, vraiment. Tu pourrais faire ça par mail aussi, mais ce serait encore pire niveau écologie. Ou alors, tu peux taguer avec de la mousse, tu as vu des gens faire ça, faire pousser de la mousse sur un mur et l’utiliser pour écrire des messages ou faire des formes. Ça a un petit côté ludique, ça pourrait fonctionner. Le seul hic, c’est que ça s’efface encore plus vite que de la peinture, si les adultes décident que le message plait pas.
- J’sais pas, je doute que les idées révolutionnaires et anar sont très bien prises. Ça se tente, ça prendrait pas trop de temps. Faut que je réfléchisse à ce que je veux dire, s’il y a pas beaucoup de place.
Les murs c’est bien, yen a plein, tout le monde passe devant et les graffitis attirent toujours le regard. Les tiennes sont esthétiques, ça aide à faire passer le message, même si ya pas de tableau récapitulatif. Cela étant dit, tu peux très bien allier graffitis et collages : tu écris un slogan percutant sur le mur avec tes bombes de peinture, et ensuite tu écris un texte explicatif à l’ordi, que tu imprimes et colle en dessous du slogan, pour approfondir la question, donner des refs, tout ça. Ça demanderait du temps, mais ce serait pertinent. Tu vas réfléchir à ça aussi, parce que c’est un projet qui pourrait avoir de l’avenir.
- Si tu me donnes toutes les clés, non ça le fait pas. Mais là ça m’a fait penser à un truc donc on peut dire que le dialogue a fonctionné. Ça va me prendre du temps though, en plus des études et tout, mais ça se tente. Pour nuancer le propos. Et l’expliquer. Ou en tout cas… diriger vers des références.
Si t’as envie de faire des œuvres plus picturales, ça sera pas nécessaire, mais pour ce qui est des textes, ça t’avance un peu.
- Parce que peindre sur les murs c’est fun, mais c’est pas juste ça. Si je voulais juste taguer, j’écrirais mon blaze ou je ferais des dessins, mais y a une volonté d’éducation derrière. Enfin, éducation p’t’être pas, mais genre. De la sensibilisation ? quelque chose qui pousse les autres à réfléchir à ce qu’ils pensent. A leurs biais. Bref. Je pense que je peux nuancer.
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Sam 13 Mai - 23:10
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