Collecte de données [PV Strife]

Remettre à leur place deux élèves qui font n'importe quoi dans les couloirs en dehors de l'étage S, check !
Assister le professeur de mécanique pour ses travaux pratiques et apprendre de nouvelles petites choses sur les appareils et l'utilisation de certains matériaux utilisés pour les moteurs et la combustion ultrasonique, check!
Aller voir Piou pour m'assurer qu'il n'ait pas endormi quelqu'un ou qu'on ne l'embête pas trop et assister à son cours par la même occasion tout en me tapant des barres intérieurement sur le fait qu'il perde quelques élèves avec sa façon de parler, reprendre quelques élèves pas très attentifs par la même occasion, check !

Matinée bien remplie, maintenant je compte bien chercher un coin pour aller pioncer une petite heure pendant que tout le monde sera en pause déjeuner. Je croise des jeunes dans les couloirs qui s'écartent quand je passe en me regardant avec une curiosité et une surprise intriguante. Il faut dire qu'avec ma taille et ma tronche patibulaire y'a de quoi en intriguer et en intimider certains. Mais c'est sans compter sur le fait de tomber sur un marmot qui m'alpague et me demande si j'ai un peu de temps pour faire connaissance… ok il sort d'où lui ?

Déjà le gosse il s'excuse deux fois dans la même phrase et en plus de se demander qui je suis. C'est vrai que je n'ai pas spécialement été présenté en dehors des cours avec quelques professeurs. Enfin, pour le coup certains savent que je ne suis pas un élève, c'est assez obvious ceci dit, et la deuxième chose, j'en ai repris certains que j'ai déjà croisé dans les couloirs à plusieurs reprises donc ils commencent un peu à me connaître. En revanche ce gamin à l'air de sincèrement chercher des infos sur moi. Déjà il m'appelle par mon nom, ce qui me fait plisser les paupières. Appelle-moi Dieu, ça ira plus vite ! Enchanté, je sais pas trop. Vu comment il débite ses mots à la seconde j'suis pas certain d'être très enchanté de croiser une pipelette qui me bombarde de questions. Mais soit, on a dit, on n'endort personne, je vais m'y tenir.
─Salut…
Est-ce que je suis réellement disponible ? Ma sieste risque d'être écourtée ou carrément repoussée à plus tard. Ce gosse pose des questions les unes à la suite des autres sans même attendre que je puisse y répondre, il est sérieux ? C'est un vrai moulin à parole ! Il m'agace déjà, j'ai envie de l'envoyer bouler pour aller faire ma sieste, je sens qu'il ne va pas me lâcher si je ne lui donne pas ce qu'il veut.
─Ok ! De loin. Pépouse. Plus ou moins... Sinon, parler dans un coin autre qu'un couloir ce serait mieux, nan ?  

D'une certaine manière je l'invite à me suivre en me tournant pour reprendre ma marche et aller me poser dans un espace verdoyant pour faire une pause et écouter le gamin. Sous un arbre à l'ombre pour faire une sieste c'est ce qu'il y a de mieux. En plus je peux écouter les oiseaux chanter et qui sait, attendre que Piou vienne me voir et manger avec lui, ca sera le mieux. Une fois arrivé sous un gros chêne, je me pose en tailleur, invitant le gamin à faire pareil.
─Tu sors d'où toi ? T'es en quelle classe ? T'es là depuis combien d'années ? Qu'est-ce que tu veux savoir exactement sur moi ? J'suis pas non plus le dernier des troufions à gentiment répondre bêtement à ce genre de questions, j'veux juste savoir à quoi ça va te servir d'avoir une fiche de renseignements à mon sujet.
Et si c'est juste pour m'afficher auprès de ses camarades il risque de me faire monter dans les tours et ça va pas bien se passer pour son petit crâne d'Homo Sapiens. Il risque de rapidement faire partie des Cucurbitacées s'il me prend trop le chou.

Mordred

Curieux ? C’est pas vraiment le mot que je mettrait sur sa trogne vu comment il m’a alpagué. Je dirais plutôt fouille merde. Le genre de journaliste sans foi ni loi qui cherche à tout prix à faire le scoop sur le nouveau Justin P’tit-Beurre et sa nouvelle copine du moment, ou un truc du genre. Pourquoi est-ce qu’il doit se justifier de n’avoir pas des informations concrètes ou rigoureuses de commérages du bahut ? Moi ça me va si personne n’a aucune info sur moi en vrai. Comme ça je suis pénard et on m’emmerde pas.

Je préfère donc prendre la tangente vers un lieu un peu plus tranquille et posé pour avoir cette conversation. Je me cale contre le tronc de l’arbre sous lequel je me suis posé et il s’installe en face de moi. C’est qu’il débite le petit. J’en viens à relever mon genou gauche pour y poser mon coude et caler ma joue contre ma paume tout en le fixant avec ma mine blasée. Il s’entendrait bien avec Piou, lui. D’ailleurs, est-ce que Piou l’a déjà rencontré ce petit ?

─Mh-Mh ! On me croise souvent…  

D’ailleurs, contre toute attente, il a répondu à toutes mes questions avec plus de précisions que je n’ai répondu un peu plus tôt à ce même spécimen. Je continue de le fixer en écoutant les questions qu’il oppose et ses propres réflexions. Fronçant les sourcils sur son dernier dialogue, je grimace en montrant les quenottes de manière agacée. Je lâche un bref râle à la limite du grognement agacé pour lui répondre.

─Je n’ai pas répondu « bêtement » comme tu le penses. J’ai pas spécialement envie d’étaler ma vie dans un couloir parce qu’un marmot me l’a demandé. Si tu vois le genre… Donc, j’ai répondu succinctement à tes questions.
Il saisit la nuance où je dois lui faire un dessin ? Non, parce que je suis super doué en dessin, surtout pour faire deviner des scènes ou des choses aux gens. Quoiqu’il en soit, je ferme les yeux deux secondes pour les rouvrir sur le jeune homme. Comment il a dit qu’il s’appelait déjà. Mort-Raide ? C’est quand même vachement cruel d’appeler son nouveau-né avec le mot Mort et Raide. A moins que ce dernier soit raide mort à la naissance et qu’il ait survécu après trente secondes de massage cardiaque. Non, mais même, c’est vachement dur à porter comme prénom. C’est comme si moi j’avais appelé Piou « Meurt Beaucoup », non mais sérieusement…

─Tes parents n’ont pas dû te gâter, toi… Pour avoir une langue bien pendue, l’air d’être solitaire et s’appeler Mort-Raide, ouais, il a pas dû être gâté souvent, pour sûr.
Blague à part, est-ce que je suis vraiment obligé de répondre à toutes les questions qu’il me pose, là, parce que ça va très vite me gaver. J’ai jamais étalé toute ma vie à personne, j’suis pas sûr qu’un gamin parviendra à le faire en un temps record de dix minutes. Peut-être avec un peu plus de temps, qui sait… Je referme plus longuement les yeux, comme pour apporter une réflexion à ce qu’il m’a dit, et reprendre ses questions d’un peu plus tôt.

─Récemment, je débarque du Sahara. Avant ça, y’avait d’autres destinations. On a pas mal bourlingué dans le monde avec mon p’tit. Et t’as raison, c’est bien de respecter les origines et le dogme de tout un chacun sans empiéter avec le sien. Ouais, c’est moi qui dit ça. Après, j’aime bien les rumeurs et les commérages, ça m’a valu un poste de Divinité relativement haut placé jusqu’à ce que les gens finissent par m’oublier quand j’ai décidé d’être dans mon coin à m’occuper de Piou. Je ne m’occupais plus que de lui pratiquement, et le peu de fervents encore fidèles avaient fini par laisser la place aux jeunes qui ne croyaient plus en rien.
─C’est un peu tôt pour que j’étale ma vie devant toi comme un exposé, petit, le prends pas mal. C’est pas vraiment mon tempérament. Ce que je peux te dire, c’est que je suis gardien pour veiller sur vos miches et celles d’une personne en particulier. J’te vois venir avec ta question -c’est qui ?- Le professeur de Contrôle élémentaire, Orion. Tu l’as déjà rencontré ?
Je me demande quand même s'il a d'autres occupations qu'agresser ses professeurs et gardiens dans le but d'avoir des renseignements à leur sujet.
─Petit... T'as pas d'amis ou de camarades avec qui tu pourrais passer du temps ? En sept ans, tu as dû te faire quelques liens, non ? Il lisait seul dans son coin... ─Ca t'es jamais venu à l'esprit de... simplement passer du temps et observer les gens pour qui tu veux avoir des informations pour qu'ils répondent à tes questions d'une autre manière que se faire agresser par une palanquée d'interrogations comme s'ils tombaient sur un journaliste ? Genre, faire comme un photographe animalier, attendre, observer, faire des affûts jusqu'à ce que la prise soit la bonne. T'aurais peut-être plus de facilité à approcher les gens sans qu'ils t'envoient bouler par agacement. C'est presque ce que j'ai failli faire.

Mordred

Donner des détails par ci par là. C’est que ce genre d’anecdotes se raconte sur des moments précis. Quelque chose qui rappelle un moment vécu ou une aventure particulière. Bref, je vais vraiment finir par lui faire un dessin ou un cours particulier.

─Bien vu ! Pas besoin d’être savant pour en faire des calculs afin de trouver la bonne déduction. Orion est mon partenaire de vie, mon fils, l’être qui croit en moi et qui me voit comme son dieu, son soleil, bref, j’en ai des tas à citer comme ça. Sans lui, je serais devenu rapidement lassé de cette vie en solitaire sur cette terre. Bien malgré nos nombreuses rencontres avec d’autres créatures, Orion m’a toujours suivi partout où j’allais. Ce n’est plus un lien commun qu’on a tous les deux. Il me connaît comme je le connais et on se soutien mutuellement. Qu’est-ce qui faut de plus ? Rien, j’ai Piou, ça me suffit amplement.

─Techniquement… Vous êtes des animaux. Toutes les créatures de cet univers sont affiliées à un genre animal, avec des particularités spécifiques. L’Homo Sapiens et ses dérivés éteints Homo Antecessor, Heidelbergensis, Neanderthalensis, Rhodesiensis, sont des primates, certes, intelligents, mais des animaux quand même.  

Mais… Il marque un point, je ne me suis pas exprimé de la bonne manière quand je parlais d’observer. Je secoue cependant la tête en fermant un bref instant les yeux pour revenir sur lui.
─Je me suis mal exprimé sur le fait d’observer tes comparses. Il y a des moments où tu pourrais faire de l’affût, c’est vrai. Mais passer du temps avec tes camarades et professeurs ou simplement discuter en passant du temps avec eux sans forcément poser des tas de questions t’offre parfois plus d’ouvertures et braquerai moins les autres. Par exemple, je te propose de boire quelque chose, tu vas me répondre, je veux bien un thé, un chocolat, je vais me dire que tu apprécies boire du thé ou du chocolat, si tu stipules que ton chocolat tu le veux avec un sucre, de l’eau et pas de lait par exemple, là j’en apprendrais un peu plus sur tes préférences.
Est-ce que je suis en train de réellement parler de ça avec un gamin dans son genre ?
─Enfin, t’as pas l’air d’être le plus stupide des élèves de ce campus donc je pense que tu comprends où je veux en venir.

Je redresse un peu la tête et me masse la nuque en fermant un œil, légèrement intrigué et circonspect par le jeune homme.
─Je suis sûr qu’ils t’ont gentiment rembarré en te faisant un grand sourire rassurant pour que tu ne le prennes pas mal. Certains sont plus réceptifs que d’autres et plus ouverts pour répondre à tes questions et bavarder longuement de tout et rien.
Je parle quand il le faut et je sais expliquer des choses quand on me les demande. Mais y’a tout un contexte à mettre en place qui aide à l’interrogation. On n’alpague pas les gens qu’on ne connait que de nom ou à peine pour les assommer de questions de but en blanc.
─Ta façon de faire est à reconsidérer dans ce cas. Imagine si j’avais été très mal luné, ou j’aurais passé une sale matinée bien énervante, tu ne penses pas que ta façon de m’interpeller aurait pu me pousser à te recaler dans ton coin sans aucun tact ?
Je soupire, c’est à lui de prendre en considération ce que je dis, après, il en fait ce qu’il veut, et tant pis pour lui s’il se prend un retour de bâton. Je baisse ma main sur mon genou et prends appui contre l’arbre tranquillement en fermant les yeux. Le temps est quand même doux, pas assez chaud, mais il n’est pas non plus trop désagréable. Ça détend, surtout quand je me focalise sur les chants de oiseaux. Je rouvre un œil pour fixer le jeune homme.
─Il m’arrive de me poser des tas de questions, être dépassé par certaines d’entre elles, c’est indéniable, le plus emmerdant dans l’affaire c’est de ne pas toujours trouver les réponses. Ou de les avoir quand il est trop tard et qu’on ne peut pas revenir en arrière. Des fois, il y a des questions qu’il ne vaut mieux pas poser, parce qu’on ne veut pas connaître les réponses. Tu cherches bien quelque chose, à poser des questions comme ça, non ? En dehors d’assouvir ta curiosité.
On ne fait pas les choses sans but en général, ni sans réfléchir. Je peux admettre que certaines actions peuvent être instinctives, mais au-delà de ça, une action volontaire est toujours nimbée d’intention.

Mordred

En quoi ça pourrait l’affecter ? Mh… disons que certains ne seront pas toujours tendres avec lui dans ce genre de comportement. Ça lui évitera également un coup de pied au cul.

─Beh… disons qu’un coup de pied au cul peut un peu plus t’affecter qu’une remontrance quand on est mal luné.

Je ne dis pas que c’est mon cas. J’ai des changements de tempéraments, mais moindres que certains êtres qui peuvent exploser ou être beaucoup plus vindicatif que moi. J’ai des façons de faire, je suis patient, du moins assez, et j’ai surtout l’habitude d’être assailli d’un tas de questions.

─T’as de la chance que je sois habitué à être assommé de questions...

Simple déduction de ma part. Piou a tendance à être intenable des fois et me pose toujours un millier de questions. Si je devais m’énerver et m’emporter à chaque fois je ferais un père bien ignoble et absolument pas à l’écoute de son petit. Je sais… Mes tests peuvent faire de moi un être sans cœur, mais il fallait bien évidemment que je m’assure des capacités de résurrection de mon petit. Le scientifique en moi se devait de faire ces tests.

Je réponds comme je peux à ses questions et le vois sourire. Il semble satisfait de ma réponse, mais pas de mes questions suivantes. Je sais, ça donne l’impression que je lui tire les vers du nez pour connaître le fond de ses pensées. Je suis psychokinésiste mais pas télépathe. Je ne peux pas lire les pensées des gens, seulement leur envoyer une vague de pensée dans leur caboche pour les déstabiliser. Ce pourrait être pratique de lire dans la tête de certaines personnes ceci-dit. Mais un pouvoir bien chiant en contrepartie. J’raconte pas les migraines qu’un télépathe doit se taper à longueur de temps. Déjà que l’utilisation trop fréquente et prolongée de mon pouvoir me provoque des maux de tête allant jusqu’au saignement de nez, alors eux… Je me contente de fermer les yeux et faire un léger mouvement de tête pour capituler. Revenant sur lui quand il me pose d’autres questions.

─Je suis assez calé dans le domaine des sciences, oui. Pour les créatures, seulement celles que j’ai déjà rencontré ou croisé sur Terre. J’en ai étudié quelques-unes en plus de les observer et passer du temps avec.

Mais également celles de ma planète, étudié, observé, analysé. Ma planète est hostile et certaines créatures sont dangereuses, il faut connaître leur point faible et surtout la façon dont il faut les éviter. Elles sont beaucoup moins craintives que les animaux de cette planète. Beaucoup plus agressives et curieuses aussi. En même temps, si je suis tombé sur Terre, c’était parce que j’étais en expédition pour des études et des analyses de minéraux que nous n’avions pas chez nous, mais également pour observer l’écosystème des planètes sur lesquelles je me poserai. Pas de bol, j’ai bousillé mon vaisseau en tombant.

─Bien sûr que j’en suis un, moi aussi. Je ne suis juste pas un homo sapiens, même si j’en ai les caractéristiques physiques très approchantes.

Je sens venir la question du qu’est-ce que vous êtes alors ? Alors forcément je le devance un peu. Mais je m’attends à tout un tas d’autres questions.

─Je suis ce qu’on apparente ici à l’espèce des Sauriens. Plus précisément du groupe Archosaurien.

Ouais, quand on regarde bien sur terre, je suis l’équivalent d’un gros dinosaure ou d’un reptile à apparence humanoïde. Mais j’ai effectivement les particularités de mes compères terriens. A la grande différence que je m’adapte très rapidement, que je parle, que je sois intelligent et capable également d’utiliser une partie de mon cortex pour stimuler ma psychokinésie. De plus, mes chromosomes sont complètement différents des humains.

Mordred

Bon sang… Je parle de mon genre et ma race à un gosse sans aucune pression. J’aurais pu tomber sur un humain lambda et lui parler de ce que je suis ou d’autres créatures sans même me dire que c’est pas le but de la manœuvre de leur dire qu’on existe. Du moins, je n’en n’aurais pas dit autant si je ne ressentais pas un peu de magie chez ce gosse, et puis clairement, il me poserait pas autant de questions sur les différentes espèces magiques s’il n’en savait pas un minimum ou s’il avait pu en croiser de toute manière. La différence entre un humain qui est coupé de tout ça et lui, c’est leur naïveté à penser qu’ils sont la seule espèce intelligente et tenant sur ses deux jambes sur toute la planète. Mais s’ils savaient, comme avant, on ne serait pas bêtement en train de se cacher.

Sauf que là, clairement, je vois la lueur dans le regard du petit et comprends très vite qu’il a trouvé son cadeau noël avant l’heure. C’est comme si répondre à ses interrogations avait le don d’assouvir sa curiosité mais le pousser à en poser davantage. Je le regarde, complètement désarçonné quand il me parle, les unes à la suite des autres, il enchaîne les questions sans même prendre le temps de respirer ou me laisser répondre. Je cille un instant, puis ouvre un peu plus grand les paupières en ayant un léger mouvement de recul.

─Oula… Respire…

Ce qu’il fait. Je me remets un peu plus cool contre l’arbre tout en allongeant une jambe et ramenant l’autre pour avoir un point d’appui pour l’un de mes bras. Quand il fini de parler, je me remémore les questions qu’il a posé par la suite et laisse échapper un petit soupire. Reptilien et Saurien c’est à peu près le même genre en fait. Et les légendes sur une espèce reptilienne humanoïde est avérée vraie puisque j’en ai rencontré. Nous sommes à peu près identiques à quelques différences, notamment l’apparence qui est beaucoup plus prononcée chez mes cousins de Terre mais les particularités sont tout de même approchantes, chez nous aussi les espèces Sauriennes sont diversifiées et très étendues sur notre planète, il y a de tout. Mon genre est plus subtile parce que mon corps s’est adapté à la température de la terre surtout. Mais sur ma planète, on le voyait un peu plus. Malheureusement pour lui, je ne compte pas révéler toutes mes caractéristiques ou quoique ce soit en rapport avec tout ça. Je relève ma main en appui pour y caler ma tête tout en le fixant sans réelle expression.

─Reptilien on peut dire ça, entre autres... Je ne suis pas un hybride, non. Mais je ne peux pas te donner mes caractéristiques. On va dire que je suis unique dans mon genre et pour le respect des autres créatures je n’en citerai pas, mais j’en ai croisé pas mal, beaucoup de légendes ou de mythes également qu’on pense n’être décrit que dans les livres. Et oui, je vivais avec d’autres êtres de mon espèce avant. C’était… passionnant. Mais je suis seul maintenant.

Ma vie avec ma famille c’est du passé et je suis tout seul désormais. Je suis tout seul. J’ai beau avoir fait tous les recoins de la Terre, je n’ai jamais trouvé d’autre Saurien Tkatangihane sur cette planète. Autant dire que c’est peine perdue de trouver un jour quelqu’un qui vient de la même planète que moi, à moins qu’ils soient partis à ma recherche, mais vu les dégâts de mon vaisseau et le fait que la sonde de détresse se balade dans l’espace depuis tout ce temps, il y a probablement des chances qu’elle se soit écrasée dans le soleil ou quitté la galaxie. Puis, je ne serais plus là s’ils étaient venus à ma recherche. Je sais qu’il y a d’énormes décalages horaires entre ma planète et la Terre grâce à notre capacité de faire des voyages par vortex ou en vitesse lumière, pourtant c’est la vérité. Je peux attendre encore longtemps avant qu’il y ait un jour un Taumatawhakatagihan ici. S’il ne se crash pas comme moi, ce serait une aubaine. Il y a de la nostalgie qui se dégage de mon regard. Rien que penser aux mien créé en moi un manque, oui, ils me manquent, bien malgré les bons moments que je passe ici depuis que Piou est entré dans ma vie, ça ne m’empêche pas d’avoir ce besoin et cette envie de les revoir malgré tout, de me sentir… à ma place.

─Je n’ai tout de même pas les mêmes coutumes ni eu la même éducation que vous, de plus, c’est très déstabilisant d’étudier et observer qu’il y a un fossé énorme entre les mœurs des Humains et celles des autres créatures qui sont plus dans le partage et l’échange entre eux et la nature, contrairement aux hommes qui sont relativement parasites et destructeurs de leur environnement. C’est dommage, parce que dans ce lot de généralité, il y a des humains qui en valent la peine et qui se battent contre ça.

Enseignant ou pas, je suis peut-être gardien, mais je peux très bien prendre un élève à ma charge et lui apprendre des choses ou l’aider quand il bute sur un apprentissage. Le rôle du gardien est aussi de s’assurer que les élèves se sentent à leur place, qu’ils apprennent et essayent de parvenir à obtenir leur diplôme à la fin de leurs études. J’ai encore du chemin à faire et j’essaye de faire des efforts là-dessus, même si ce n’est pas évident tout le temps et que certains me donnent très envie de les endormir.

─Enseignant ou pas, mon rôle ne se cantonne pas seulement à surveiller les élèves et leur foutre des colles quand ils font des conneries. Si on assiste les profs dans leur cours, c’est qu’il y a aussi une raison à ça. Aider le prof à ce que sa classe réussisse et comprenne les cours.

Les bruits de couloir, en revanche, ils m’arrangent pour avoir la paix. J’ai constamment mon air blasé et patibulaire parce que les nombreuses vies que j’ai mené m’ont parfois beaucoup harassé. Lassé également de parcourir la Terre et voir que l’homme ne fait jamais aucun effort où qu’on aille et ne fasse que des massacres, inconsciemment ou sciemment d’ailleurs.

─Merci… Ça m’arrange en vrai. Je ne parais pas sympathique pour laisser les curieux comme toi approcher et se faire leur propre avis sur le fond plus que sur la forme. Je fais peur à cause de mon gabarit et mon air patibulaire et ça suffit souvent à dissuader certains élèves de continuer leurs conneries quand ils me voient apparaître au détour d’un couloir. De plus, je ne cherche ni l’empathie ni la sympathie de qui que ce soit quand je bosse. J’suis pas là pour me faire des copains durant mes gardes. Quand je ne suis pas en fonction c’est une autre histoire.

Là, je suis en pause. Et à force de discuter, je sape complètement mon heure de sieste. Fait chier, mais… Même si ce gamin pose un tas de questions, ce n’est pas si désagréable de parler avec lui.

Mordred

Je secoue la tête et ferme les yeux. Si ça va ? Pourquoi ça n’irait pas ? De toute façon ce ne sont pas mes souvenirs passés qui vont changer mon présent. J’ai juste eu un moment d’égarement en repensant aux miens, à ma famille et à tous ceux que j’ai perdu en tombant ici. L’élève en face de moi n’est pas censé savoir que parfois c’est un coup dur pour moi, et je n’ai aucune envie qu’il s’en mêle. Nous ne sommes pas assez proches pour ça de toute manière.
─Ça va, juste de vieux souvenirs qui me reviennent.

Pas de quoi en faire tout un drame. Je me redresse un peu et plante mon regard dans le sien quand il me pose de nouvelles questions à la suite de mes explications sur les mœurs de certaines créatures. J’ai mes propres méthodes qui ne sont pas celles des humains, même si je m’adapte avec leur environnement et leurs infrastructures pour faciliter certaines choses mais je n’adhère pas spécialement à leur façon de faire de manière générale alors que d’autres se dissocient clairement des la majorité. Je l’écoute me poser ses questions sur ces principes et ce que je fais moi pour ne pas affecter la nature d’une manière ou d’une autre. Je fronce les sourcils. La manière dont il balance ses questions des fois ont tendance à me faire tiquer un peu. J’ai parfois l’impression qu’elles apportent un jugement particulier dans l’affaire. Seulement il ne fait que reprendre mes termes vis-à-vis de mes conclusions sur les actes humains.

─L’osmose. Y’en a plus qui vivent en osmose avec la nature que tu ne le penses. Je vis avec l’époque actuelle et ce que l’homme impose, mais je n’agis pas comme lui, je ne détruis et ne tue pas à foison ou à perte. Je fais surtout en sorte de prendre ce que la nature me donne et de rendre en conséquence. Dans le respect de celle-ci.
Mais c’est souvent difficile, surtout quand un rien me fout en rogne parce que des hommes détruisent ce que je me donne du mal à faire dans le but de rendre à la nature ce qu’elle m’a donné ou permis de faire. Quand je vois tous les efforts que j’ai fournis en ce sens pour qu’au final ce soit piétiné, bah, ça ne donne plus envie d’en faire non plus, ou de faire le minimum et de jouer les vengeurs masqués pour faire comprendre que la nature n’est pas qu’une esclave de ces êtres écervelés.
─Aujourd’hui je me contente de rendre là où je suis certain que l’homme n’y mettra pas les pieds. Au moins, je suis sûr qu’il ne piétinera pas ce que je fais. Bon, en étant ici c’est un peu moins évident mais bon.

Ça n’est que provisoire et je sais qu’à un moment donné on repartira Orion et moi, loin d’ici. Probablement qu’on retournera au Sahara ou aux Bermudes histoire d’être tranquille et de ne pas avoir d’emmerdes. Je m’arrête cependant quand je sens quelque chose d’étrange, et trop familier pour être normal. Oh… Alors là on va pas être copain si le petit se met à entrer dans ma tête avec ses facultés psioniques. Non, clairement pas ! C’est qu’il fait en plus comme si de rien n’était en continuant de me parler le bougre.
Ce qui me dérange actuellement c’est que tu te permettes de rentrer dans ma tête en pensant sérieusement que je n’allais pas le remarquer !
Mon regard se fait plus rouge et ma pupille s’étrécie l’onde mentale fait vibrer mes plumes et émet une petite bourrasque qui soulève ma chevelure de plumes l’espace d’un bref instant. Je lâche un murmure à peine audible qui se répercute en une déflagration intense dans la tête du gamin de sorte à le déstabiliser et lui provoquer une grosse, très grosse migraine. Dans sa tête lui parviennent des cris, des râles, des grognements, des voix multiples diverses et variées avec toutes une intonation et un langage bien différent, en plus de lui envoyer des bribes de bruits d’explosions, dévorations de corps et d’os de créatures et tout un tas de bruits parasites tous plus désagréables les uns des autres.
─Ce qui me dérange là, tout de suite, c’est que tu te permettes de rentrer dans ma tête sans y être invité, gamin !
Inutile de le traumatiser celui-là aussi, avec ce qu’il vient d’avoir en pleine caboche ça devrait suffire à l’inciter de refaire ça. Notamment à moi. A ce jeu là c’est un novice, j’ai près de 40 000 ans d’expérience dans ce domaine. Donc là, il vient de gâcher un peu cette conversation tranquille, à jouer aux andouilles.

Mordred

J’émets un grognement insatisfait et profondément vexé. Vexé que ce gosse ait tenté de chercher dans ma tête des informations qui pourraient le sustenter. Eh bien il a eu ce qu’il voulait quand je parlais de vouloir rendre à la nature et me faire piétiner derrière. Deux salles deux ambiances, mais le même genre de choc mental. J’attends qu’il soit bien éjecté de ma tête avant de me redresser un peu et écarter les jambes pour me mettre accroupi en face de lui. Il n’est pas bien du tout, très pâle d’un coup, surtout à deux doigts de tout vomir entre ses jambes et accessoirement devant moi. Je penche la tête sur le côté et l’observe tandis qu’il a une main sur sa bouche et qu’il semble vraiment mal.

Décidément, j’y suis peut-être allé un peu fort… encore… Bon sang, je vais finir par tenir un journal de mes proies et la façon dont je les trauma à force. Ils vont finir par monter un club et tenter de se leaguer contre moi si ça continue. Mais en même temps ils cherchent aussi ces petits cons ! Bon sang de bordel ! On rentre pas dans la tête des adultes sans leur consentement comme ça aussi ! Il n’a pas appris que faire ce genre de chose c’est considéré comme un viol du jardin secret et de l’intimité ? Je suis psionique mais j’ai appris à maîtriser mon pouvoir et on m’a appris à l’user à bon escient et pas comme un malpropre, seulement dans le cadre de mes fonctions quand c’est nécessaire.

Je passe une main sur mon visage, blasé au possible tout en poussant un profond soupir. Je m’écarte un peu sur le côté et pose ma main sur son front. Le toucher force l’effet de régénération et la douleur qu’il doit ressentir à la suite de ma déflagration est censé diminuer. Je le laisse cependant se reprendre petit à petit et me relève pour m’écarter un peu de lui et lui laisser de l’air. S’il a besoin de vomir, grand bien lui fasse, je ne suis plus devant lui et je me tourne à moitié pour lui faire comprendre que je ne regarderai pas. Mais je le laisse se focus sur ce qu’il faut pour qu’il reprenne contenance avant de lâcher dans un grondement rauque.

─On ne t’a jamais dit que s’immiscer dans la tête des gens c’est un viol de l’intimité ? Ne refais plus ça !

J’espère qu’il va comprendre et pas me traiter de psychopathe lui aussi parce que là, clairement, c’est lui qui est en tort pour le coup. Je croise les bras contre moi et baisse un peu la tête vers lui.

─Maintenant tu connais au moins deux de mes capacités. Tu prends quand même de gros risques à faire ce que tu fais, surtout s’ils ne sont pas consentants ou si tu ne sais pas à quoi t’attendre, un psionique peut te garder enfermé dans son esprit et ça peut être très dangereux pour toi.
J'aurais pu le faire, le garder enfermé et lui envoyer tout un tas d'images encore plus violentes les unes des autres sans lui laisser la possibilité de sortir de ma tête. Et lui montrer toutes les atrocités que j'ai pu voir, c'est pas vraiment la meilleure des solution pour ne pas traumatiser des élèves. Voilà que je lui donne une leçon maintenant. Et après ce sera quoi ? Un entraînement ?

Mordred

Ça alors… je suis scotché. Non seulement il s'en remet vite, mais en plus de ça il se remet à me questionner bien malgré ce que je viens de lui faire. Attends gamin, tu sors d'une vague déferlente mentale de ce que j'avais de pire dans la tête à t'envoyer et malgré ton teint pâle et le choc que tu viens de te prendre en pleine poire tu me demandes comment faire ?
Sacre !
Ça fait quand même une grosse différence entre Elios à qui j'ai mis la tête en bas et donné une pichenette qui me traite de psychopathe direct et lui à qui je viens d'envoyer une vague psionique pire qu'une pichenette et il en redemanderait presque. Sérieusement ?! C'est quoi cette école ? Ils sont tous complètement décalés… bon remarque moi aussi et Piou n'en parlons pas. Mais quand même. Je reste sidéré par la différence des deux. Mort-Raide a beaucoup plus de raisons de me traiter de psychopathe et de s'enfuir la queue entre les jambes. Mais non, il reste là, bien sagement à me demander comment on fait pour se dépêtrer d'une situation comme celle que je viens d'expliquer et comment j'ai fait pour lui envoyer des images.

Mais woah! Je réalise qu'Elios c'est vraiment une victime en fait. Il joue les durs mais dans le fond il est ultra fragile et sensible. Je penche la tête et m'accroupis devant le gamin en grognant de plus belle. Le fixant un long moment. Nan, en fait c'est une couverture. Il joue les insensibles un peu comme moi mais il est tout aussi sensible qu'un autre. Il a juste un peu plus de testostérone que les autres Humanoïdes. Je continue de le fixer en passant ma main sur le bas de mon visage. Massant mon menton et ma mâchoire au passage tout en restant subjugué par le gamin. Comme si je le sondais sans rentrer dans sa tête, je ne le lâche pas du regard avant d'enfin me décider à lui répondre.
─C'est facile de bloquer quelqu'un dans son esprit quand on connaît le truc. Pour en sortir il faut soit parvenir à déstabiliser l'hôte, soit trouver une brèche pour s'extirper de sa tête, ce qui n'est pas évident quand l'hôte est puissant, ca se joue souvent à qui a l'esprit le plus fort. Pour les images que je t'ai envoyé, rien de plus facile, me suffit d'imaginer la chose et te les envoyer comme si je te faisais lire une vidéo. En plus d'avoir le son et lumière, les sens et ça peut même aller sur l'aspect sentimental et le ressenti direct si je pousse plus loin.
Si ça s'apprend ? Un peu mon n'veu ! Je suis Psionique dès le plus jeune âge et j'ai appris à maîtriser toutes mes capacités et leur évolution depuis que je suis gosse. Je baisse ma main pour l'appuyer sur mon genou comme l'autre et penche la tête sur le côté.
─J'peux t'apprendre les rudimentaires, le reste c'est de la pratique et de l'entraînement. Mais j'sais pas trop si je dois vraiment t'apprendre à jouer les fouilles merde encore plus que maintenant.
Même si pour le coup l'idée de lui apprendre quelque chose c'est pas une mauvaise idée. Surtout si ça fait sept ans qu'il est dans les murs et qu'il s'entraîne sur les élèves plutôt que sur quelqu'un d'entrainé qui sait ce qu'il fait. Je ferme les yeux et soupire lourdement en abaissant les épaules. Je reviens sur lui pour le fixer.
─C'est quoi tes pouvoirs ? Que je sache sur quoi je dois me baser si tu veux vraiment que je t'enseigne à mieux maîtriser tes capacités.
Pour le coup, s'il veut vraiment s'améliorer, il va falloir me dire ce qu'il est capable de faire. Je ne suis pas prof. Je ne suis pas censé enseigner quoique ce soit aux élèves mais les entraîner pour qu'ils parviennent à se maîtriser, ça c'est faisable. Je suis en train de me dire que c'est le premier élève que j'ai en poussin s'il est réellement intéressé par la performance et l'apprentissage de ses talents.
─Je suis psychokinésiste, ça peut te donner une vague idée de mes capacités. Mais je veux que tu me promettes de ne pas jouer aux cons avec ça. Je te l'ai dit, pénétrer l'esprit de quelqu'un sans son consentement et même s'il ne s'en aperçoit pas, c'est du viol. Y'a peut-être jamais eu de séquelles physiques, mais tu entres dans l'intimité profonde d'un individu en faisant ça et ça peut avoir des répercussions si tu en abuses. Tu peux facilement rentrer, difficilement en sortir si la conscience devient soudainement instable. Déjà bon point pour toi, tu arrives à faire deux choses à la fois. Parler pendant que tu t'infiltres dans un esprit.
Je suis pas en train de le féliciter. Juste en train de faire mes déductions sur ce qu'il a réalisé. Je plisse les paupières cependant.
─J'te lance pas des fleurs, va pas falloir que tu te mettes à faire ça à tout va. Compris ?
Il va falloir que je le surveille sérieusement ce petit. Peut être que je vais me le coltiner plus souvent que prévu.

Mordred

A la suite de mes propos, il arbore une lueur que je ne connais que trop bien, que j’ai déjà trop souvent vu. Il se lève et va vomir dans un coin. Me tournant le dos par la même occasion. Je me contente de relever l’une de mes mains pour appuyer ma tête contre mon poing en l’observant. Je l’ai soigné physiquement, mais les séquelles de ma déferlante restent. Quand il revient vers moi, je me contente de relever les yeux sur lui d’un air blasé. Habituel dirons-nous. Il me fait part de son désir d’apprendre les rudimentaires et le plaisir qu’il aurait d’apprendre à maîtriser ses propres capacités. On est dans une école qui aide les jeunes à se maîtriser après tout, pourquoi je ne pourrais pas ? Même si clairement, j’ai l’impression que je fais une grosse connerie en acceptant.

Du coup je lui fais promettre de ne pas jouer les fouilles-merde et de mesurer ses capacités, ne pas les utiliser sans consentement et surtout pas à tire-larigot ! Je me relève lentement pour lui faire comprendre que j’accepte de bouger pour qu’il puisse se débarbouiller après son vomito. Il en profite pour m’expliquer ses capacités et ce qu’il est, mage, donc ouais, avec un fort potentiel d’apprentissage et un panel assez large pour ce qui sont des domaines de magie. Raison pour laquelle je lui demande de ne pas jouer aux cons et de promettre faire attention. Même si je suis presque persuadé qu’il ne respectera pas sa promesse tant il est curieux.

─En effet, y’a l’embarras du choix. Mais tu t’es tourné vers la partie psychique. Altérations, illusion et malédiction. Je vais voir ce que je peux faire pour t’enseigner quelques trucs.

Je ne sais pas s’il a eu beaucoup de profs qui lui ont appris ou s’il a juste perfectionné ses techniques tout seul et difficilement sans avoir un réel apprentissage. Quoiqu’il en soit, pour avoir grandit en apprenant à la perfection mes pouvoirs avant de pouvoir voguer vers d’autres planètes et me débrouiller seul dans n’importe quelle situation, y’a moyen que je puisse aider ce gamin comme je l’ai fait avec Orion. Ça va me rappeler de sacrés souvenirs, ahh ! La nostalgie. Je marhe donc à ses côtés jusqu’à ce que nous arrivions à des toilettes du campus tandis qu’il me pose d’autres questions. Je me tourne vers lui et croise les bras contre moi en le fixant.

─Y’a encore pas mal de progrès. Tu as appris seul ? Ou tu avais des cours de maîtrise durant tes sept années ici ?

J’ai mis beaucoup de temps avant de maîtriser complètement toutes mes capacités. Et il est encore jeune donc ça ne sera pas de la tarte et l va devoir être patient.

─Le croire et le réaliser, c’est deux choses différentes. Si tu as déjà l’habitude de balancer des illusions, ça devrait être plus rapide à maîtriser effectivement, pour ce qui est de me contrer, t’es encore trop jeune et trop peu expérimenté. Je te l’ai dit, c’est souvent l’esprit le plus fort qui a le dessus.  Ne t’amuses pas à essayer de le faire pour le moment.
Et de toute façon il a un esprit de bébé comparé au mien. Une éternité à subir des tas de choses, à voir et subir des horreurs et des merveilles à longueur de temps. Ça forge l’esprit, à n’en pas douter.

─Pas sur les autres du tout, pas sans leur accord et sans maîtrise des bases, ouais. Même si c’est tentant de jouer les savants sur tout un tas de cobayes que tu peux avoir ici, il ne faut pas oublier que tu es dans une école avec des règles, tu n’es pas censé utiliser tes capacités dans l’établissement en présence d’humains.  
Ouais, y’a quand même quelques règles qui sont assez formelles et que les gardiens sont censés faire respecter, hein. Même si c’est assez compliqué pour moi de savoir ce qui n’est pas à faire ou ce qui est à faire. Je lui fais signe d’aller se débarbouiller un peu tant qu’on est devant les chiottes et revenir pour se trouver un autre coin tranquille. Tant pis pour ma ronde de l’après-midi, je la ferais en même temps que j’explique des petites choses à Mort-Raide.

Mordred

Ouais… plus grand. C'est certain. Mais puisque je me suis embarqué dans un apprentissage, autant faire en sorte que mon nouveau disciple apprenne les choses convenablement. Sur le chemin il m'explique qu'il a eu des cours de magie et qu'il a appris à côté, mais les cours c'est bien, les responsabilités qui vont avec l'utilisation d'un quelconque pouvoir c'est aussi une chose à apprendre. On doit savoir quand utiliser son pouvoir et dans quelle circonstance, connaître ses limites et les dépasser quand il le faut aussi. Au moins il sait qu'il ne doit pas dévoiler ses facultés aux humains et les utiliser n'importe comment. Mais ce qui fait la différence entre un élève d'école et un véritable mage ou sorcier ou peu importe, c'est l'expérience et le cadrage. Sans un bon mentor ou seul on n'évolue pas bien. On ne sait pas ce qui est dangereux ou non, on teste sans limites et parfois à risques sur d'autres personnes ou sur soi-même dans un milieu non sécurisé. Au moins il reste assez ouvert et m’explique ce qu’il sait faire quand je lui demande. De mon côté je reste assez vague mais lui fais comprendre que mon pouvoir est également lié à la psyché.

Je lui fais un signe de tête une fois que nous sommes arrivés aux toilettes pour qu’il aille se débarbouiller un peu et attends sagement qu’il revienne. Observant autour de moi les quelques élèves qui passent. Si une bagarre était sur le point d’éclater, elle se calme rapidement quand ils perçoivent mon regard insistant sur eux et ils se séparent avant de retourner à leurs cours respectifs. Au moins ces petits comprennent qu’en présence d’un gardien il faille arrêter leurs conneries. C’est qu’il en met du temps à se débarbouiller le Mort-Raide. Est-ce qu’il n’est pas plus mal en point que je ne pense ? Je n’espère pas. Je tends l’oreille et perçois toujours son aura et sa signature se déplacer à l’intérieur. Ca me laisse le temps de réfléchir à comment procéder et ce que je vais bien pouvoir apprendre à ce marmot.

Quand le petit revient, je détourne le regard dans sa direction et croise les bras contre moi. Il me sourit et je me contente de hausser un sourcil circonspect. Ok, ça a l’air d’aller mieux pour lui. Je penche légèrement la tête sur le côté en le toisant.
─Beh, le mieux c’est de faire ça après tes cours et mon travail, sauf si tu n’as pas cours et que tu veux m’accompagner. Il y a une véritable préparation mentale et va falloir t’accrocher pour l’apprentissage. Je ne rigole pas avec ça. L’une des raisons pour lesquelles je n’enseigne pas, logiquement.
Ouais, je suis du genre pédagogue et patient, mais seulement avec Orion. Le reste du temps, je suis beaucoup trop strict et bourrin en termes d’apprentissage. Et il l’a dit lui-même, le psychique n’est pas un domaine où les êtres ayant ces capacités soient réellement sains d’esprit, ou probablement trop. Disons que ça varie selon les personnes.
─On progressera crescendo. Comptes bien plusieurs années de travail sur soi et de savoir-faire avant d’obtenir de réels résultats. C’est bien de vouloir aller vite, mais il faut faire ça bien, et dans les règles. Il ne faut pas faire n’importe quoi. Quand bien même tu apprends vite.
Si je compte devenir son mentor, il va falloir qu’il s’accroche. Je baisse les bras et m’oriente vers une direction pour reprendre la marche tranquillement et ne pas rester devant les toilettes. Prenant la direction des allées de l’école où l’on croise des élèves. En passant, je remarque un groupe de jeunes qui s’en prennent à un plus chétif qu’eux, l’acculant contre un casier. Je fais en sorte que l’un des casiers près de la tête du chef du groupe de persécuteurs s’ouvre pour lui donner un coup et le sonner ou le faire reculer. Je fais ça discrètement, après tout, qui se douterait que c’est moi qui viens de l’ouvrir ce casier ? L’élève râle et accuse le chétif que c’est sa faute, je me permets d’intervenir avant qu’il ne s’en prenne à lui en l’attrapant par le col. Et le tirant avec moi.
─On évite d’empêcher ses camarades d’aller en cours et on calme ses ardeurs, le marmot. Vous n’avez rien d’autre à faire ?
Je toise les deux autres qui l’accompagnent avec un regard noir et menaçant. Je fais en sorte de les intimider assez pour qu’ils se calment. Avec eux, ça marche quand je les incite à emmener leur camarade à l’infirmerie parce qu’il saigne. Je ne compte pas soigner tout le monde et me fatiguer inutilement non plus. Sinon j’aurais choisi d’être médecin. Je relâche le gamin, lance un regard au petit contre le casier qui ramasse ses affaires et me jette un regard solennel avant de s’enfuir dans sa salle de cours. Les bambins, l’espèce terrienne la plus déchaînée que j’ai pu rencontrer jusqu’alors. Ça ne fait pas longtemps que je suis en poste et y’en a quand même un paquet de turbulents ici. Est-ce qu’on est vraiment dans une école pour les élites terriennes ? Les casse-cous dont personne ne veut je dirais. Après, ça peut se comprendre si ce sont des créatures, elles sont tellement en danger parmi les hommes que c’est peut-être mieux ici, ou pas, vu les discriminations qu’il peut y avoir entre différents clans lycans ou vampires et j’en passe.

Je reprends ma route pour continuer avec Mort-Raide dans les couloirs à discuter de ce pseudo-parrainage.
─On va déjà commencer par voir ce dont tu es capable de faire et jusqu’où sont tes limites. Ensuite on verra.

Mordred